Communiqué de presse.
L’association Naturevolution et 19 organisations environnementales regroupées au sein de la communauté all4trees lancent pour les Municipales 2020 le Pacte Zéro Empreinte Forêt. L’année 2019 a été celle de l’explosion des feux de forêts et des importations en France de soja et d’huile de palme. Nous demandons aux futurs maires des villes de France de s’engager autour du Pacte Zéro Empreinte Forêt afin de faire de 2020 l’année de la protection des forêts du monde et des arbres de leur ville.
Le Pacte Zéro Empreinte Forêt propose aux listes électorales de s’engager sur 22 mesures concrètes permettant d’éliminer l’empreinte forêt dans les commandes publiques et ainsi de devenir des ambassadeurs de la lutte contre la déforestation mondiale.
Un état défaillant face à la déforestation importée
En 2018, le gouvernement français s’est doté d’une Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI) qui vise à mettre fin d’ici 2030 à la déforestation causée par l’importation de produits forestiers ou agricoles. Il s’est par ailleurs engagé à publier des directives en matière de commandes publiques afin que celles-ci n’impactent plus les écosystèmes forestiers des pays exportateurs.
Considérant ce premier pas largement insuffisant, 179.000 citoyens ont signé une pétition qui demande que les décideurs publics et privés mettent en place immédiatement et avec les moyens nécessaires une stratégie plus contraignante pour lutter contre la déforestation.
Plus d’un an après, le constat est sans appel, le gouvernement n’a toujours pris aucune mesure concrète pour éliminer la déforestation importée, le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le MERCOSUR ne garantit toujours pas la protection des forêts, le guide d’achat public zéro déforestation n’est pas publié, et, dix ans après les engagements volontaires “zéro déforestation” des entreprises, la traçabilité des chaînes de valeur – notamment du soja et de l’huile de palme – est encore très largement inefficace.
Pire, durant les 12 derniers mois, les importations des matières premières à fort risque de déforestation ont nettement augmenté par rapport à 2018 (de 7% pour le tourteau de soja en alimentation animale et de 26% pour l’huile de palme) et ce tandis que 2019 a été marquée par une augmentation majeure de la surface de forêts brûlées dans le monde.
« Chacun de nos séjours sur notre site d’intervention en Indonésie par exemple montre une situation toujours plus alarmante. Les dernières forêts primaires de cette région – pourtant majestueuses et parmi les plus riches de la planète en terme de biodiversité – sont purement et simplement remplacées par de nouvelles monocultures de palmiers à huile ou de poivriers, quand ce n’est pas pour de l’extraction de nickel ou l’industrie du bois. Tout cela est largement destiné à l’exportation. Tout cela va donc majoritairement chez nous. Et tout cela est malheureusement prétexte à destruction. » se désole Evrard Wendenbaum, président de Naturevolution.
L’exemplarité entre les mains des maires
Pour Boris Patentreger, cofondateur d’Envol Vert, « Au vu de l’urgence actuel, il n’est plus tolérable que la France se rendre complice de la catastrophe écologique à laquelle nous assistons en continuant à importer des produits responsables de déforestation. Si les entreprises et l’État semblent incapables de protéger les forêts, les maires ont aussi un pouvoir dont ils peuvent user. Ils ont l’opportunité de montrer la voie et c’est ce à quoi nous les invitons en signant et en respectant le Pacte Zéro Empreinte Forêt ! »
Le Pacte Zéro Empreinte Forêt, c’est une feuille de route permettant d’éliminer l’empreinte forêt des commandes publiques et appliquer ce qui est demandé par la SNDI pour 2022. Rédigé en partenariat avec 20 organisations environnementales, il comprend 22 mesures essentielles telles que l’interdiction des agrocarburants à base d’huile de palme et de soja dans les transports en commun par exemple. Des mesure à mettre en œuvre de façon transversale dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, des transports, des fournitures et de la gestion des terrains communaux.
“Le Pacte Zéro Empreinte Forêt est une opportunité d’agir collectivement à l’échelle des politiques locales pour contribuer à la lutte contre la déforestation mondiale » souligne Jonathan Guyot, président et co-fondateur de all4trees. Et d’ajouter : « Les futurs élus et élues, permettront aux citoyens, de plus en plus conscients des enjeux environnementaux, de contribuer à la réduction de leur impact sur les forêts.«
Les municipales, une opportunité pour protéger les forêts
La communauté all4trees et ses 19 associations partenaires lancent dès aujourd’hui et jusqu’au premier tour une campagne invitant les citoyens à soutenir le Pacte Zéro Empreinte Forêt en signant individuellement le Pacte et à mobiliser les listes de leurs communes à faire de même. Pour cela, un formulaire est mis à leur disposition.
4 listes se sont déjà engagées à Toulouse (Archipel citoyen), La Seyne-Sur Mer (La Seyne citoyenne), Boulogne Billancourt (EELV) et Saint-Cloud (Gauche écologiste). Espérant réunir au moins 100 listes signataires dont 5 dans les plus grandes villes de France, l’objectif de la campagne est de susciter le débat et de faire de la lutte contre la déforestation une priorité des futurs élu·e·s.
Une fois les élections passées, les organisations prévoient des rencontres avec les maires élus pour les aider à mettre en place les 22 mesures du Pacte Zéro Empreinte Forêt.
Les organisations signataires
Du côté de Naturevolution
Projet « 1 million d’arbres pour le Makay » : en association avec les communautés locales, Naturevolution a lancé un projet de reboisement sur le pourtour de l’Aire Protégée du Makay dans le sud-ouest de Madagascar. Ces forêts ‘utiles’ vont répondre aux besoins des villageois tout en évitant les prélèvements dans les forêts du Makay. 20 000 arbres ont été plantés en 2019, et 100 000 de plus le seront en 2020 !
Notre série d’articles sur la déforestation :
- (1/6) La déforestation : un état des lieux en 2019
- (2/6) Déforestation : chronologie d’une (in)action gouvernementale ?
- (3/6) Le reboisement : opportunités et limitations
- (4/6) Comment agir contre la déforestation ?
- (5/6) La déforestation à Madagascar et dans le massif du Makay
- (6/6) Pourquoi protéger les forêts du Makay à Madagascar ?
Écovolontariat : depuis 8 ans, Naturevolution emmène des écovolontaires en mission sur le terrain pour contribuer directement aux projets de conservation, et notamment au reboisement en bordure du Makay. Toutes les informations sont sur ce lien : missions écovolontaires.