Jour 8 – Terrain difficile, mycoses et sables mouvants

Nous avons mis un peu plus de temps ce matin à se préparer parce qu’il fallait réparer deux paires de chaussures, celles d’Antoine et les miennes, les miennes ayant un trou béant de 10cm il fallait que je trouve un système pour les réparer. Donc nous avons fait un peu de couture.

On est partis vers 10h15 du campement, et ça a tout de suite été un peu chaotique puis assez calme, donc on a avancé un peu plus vite que les autres jours, on était surpris et contents et on est arrivés à la confluence d’une rivière qui venait de la gauche. On a donc fait 2km en 1h30 ! 

Sauf qu’après cela, ça ne s’est pas passé comme on le voulait, c’était très complexe, fatiguant et extrêmement glissant. Il commence à y avoir beaucoup d’eau, donc quand on traverse le cours d’eau, c’est-à-dire tous les 50m, l’eau pousse, on voit moins les rochers, on tient moins bien dessus, donc c’est encore plus glissant qu’avant. 

On est arrivés à 600m de l’autre objectif qu’on avait, une autre confluence, vers laquelle je supposais qu’on commence éventuellement le packraft. Mais ces 600m étaient une belle galère. Il a fallu qu’on sorte de la rivière parce que c’était un énorme lit de boue, de plus en plus haut, ça montait jusqu’à une dizaine de mètres au-dessus du cours d’eau, entre 6 et 8m selon les endroits. 

On est repartis vers la forêt, on s’est taillé un chemin sur quelques centaines de mètres et puis on est descendus à un endroit où ça m’a fait tilt parce que ça m’a rappelé beaucoup d’autres passages comme ça que j’avais pu faire dans les karsts. 

Quand il y a de la boue tout à coup de manière très importante, ça veut dire que l’eau stagne parce qu’elle arrive en masse et qu’elle est trop importante pour passer dans les trous. L’eau ne circule plus normalement, mais pénètre sous terre et ressort quelques centaines de mètres plus loin. C’est comme quand le robinet coule plus fort que les trous au fond de l’évier, le lavabo se remplit. 

Ca dépose la boue tout autour et l’eau s’infiltre en quelques semaines, quelques jours, et finit par passer quand la crue diminue et à la fin tu te retrouves avec un tout petit cours d’eau et une énorme masse de boue. Puis le petit cours d’eau rentre dans un trou, et puis plus rien. 

On était dans la vase, comme des sables mouvants et puis on a trouvé un petit passage finalement assez simple (ce que j’avais vécu avant était autrement plus coriace), il y avait quand même un tracé de vallée qu’il suffisait de suivre. Ca n’était pas pour autant de la “balade”, mais en terme d’orientation il n’y avait rien de complexe, il n’y avait pas de passage de corde, il fallait juste faire attention où on marche, et on s’est retrouvés à peine 200m plus loin dans le cours d’eau qui réapparaît via une cascade et qui reprend son cours plus loin. 

On est arrivés à cette fameuse confluence qui vient de la droite et qui apporte un peu d’eau.  Je pensais qu’elle en apporterait beaucoup plus, mais elle en apporte a priori suffisamment pour qu’on puisse demain matin attaquer le packraft comme je le pensais.

Les trois compères qui ont des mycoses, ça ne s’arrange pas… C’est le principe de la mycose quand t’es dans l’eau. Jamyl a les pieds dans un sale état, je pense qu’il souffre parce que ce soir il ne souriait plus beaucoup. 

Mes chaussures ont tenu, les chaussures d’Antoine aussi, je ne suis pas sur que ça tienne pendant toute l’expé, mais ça a tenu aujourd’hui et c’était probablement la journée la plus coriace, en tous cas je l’espère, avec ce type de chaussures. 

On a pas fait beaucoup de km aujourd’hui, on a dû en faire 3. A peu près autant qu’hier mais on s’est arrêtés plus tôt, parce qu’on avait pas encore déjeuné. Au moment où on a voulu déjeuner il était 15h15, j’avais encore le sac d’Ime à aller chercher en arrière. 

Ime étant encore blessé, on lui a laissé un tout petit sac d’un kilo. On est obligés de faire des allers retours pour aller chercher son sac. Jamyl m’aide de temps en temps, Antoine a pu le faire sur une portion aussi, mais c’est pénible. Ca fait faire 3 fois le trajet, donc 3 fois plus de chance de chuter, c’est épuisant. 

On a voulu faire la popote à 15h15, et j’ai pensé qu’au vu de l’état des pieds d’Antoine et Jamyl, ça valait peut-être le coup de monter le camp ici. Et c’est pas plus mal parce que ça nous a permis de nous poser un peu, de reposer et sécher les pieds des uns et des autres. J’ai pu aller voir devant et me convaincre que c’était possible de démarrer en packraft demain. Une nouvelle aventure ! 

On est sur un super camp parce qu’il n’y a pas de fourmis ni de sangsues pour une fois. Les jours précédents on en a eu vraiment beaucoup. Il n’y a pas trop d’abeilles, mais quand elles sont là elles sont pénibles parce qu’elles se collent partout, les oreilles, les pieds. C’est une étrange colonie d’abeilles dans le coin, une autre espèce beaucoup plus grosse. Elles viennent même la nuit. 

On commence à se dire que les batteries sont un petit peu light… On a déjà deux power banks qui sont morts, il nous en reste deux, plus celui d’Antoine mais c’est un tout petit ça ne va pas faire long feu. Avec deux power bank dont un très gros qui fait 50 000 ampères/heure, on devrait pouvoir tenir encore un petit peu, mais je trouve que c’est un peu tôt. Et puis l’autre truc qui manque et qui commence à m’inquiéter un petit peu, c’est le gaz, même si c’est moins grave parce qu’on peut toujours faire un feu, et réussir à faire chauffer de l’eau. Les batteries sont plus difficiles à produire. 

Pour demain, on va être sur 4 packrafts, deux personnes sur un packraft, une personne avec deux bateaux sur un deuxième packraft double, et les deux autres personnes sur deux packrafts simples. On va intégrer à un des sacs, le paquetage d’Ime, puisqu’à chaque fois qu’on va devoir faire des portages, sortir de l’eau et contourner des obstacles, on va s’éviter ainsi un aller retour supplémentaire. 

A demain !

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