Jour 7 – Premier passage en packraft

Carnet de bord  – Evrard 

Lever comme d’habitude aux alentours de 6h. Le petit déjeuner est moyennement apprécié comme d’habitude depuis qu’on a attaqué la nourriture lyophilisée. Nos compagnons indonésiens goûtent assez peu nos plats qu’on avait soigneusement sélectionnés pour qu’ils apprécient. Mais ça ne passe pas, à part tout ce qui est riz et nouilles… 

Il a fallu refaire nos sacs et comme vous l’avez peut être compris, le paquetage du matin prend énormément de temps parce que ça se joue au millimètre, on a tellement de trucs à faire rentrer que ça prend beaucoup de temps. On met un peu moins de 2h30 pour préparer le tout, ce qui est vraiment beaucoup. 

On a attaqué cette journée en se disant qu’on allait atteindre une confluence et que potentiellement on aurait pu monter sur les bateaux à ce moment-là, mais nous en sommes encore loin… 

Aujourd’hui on a fait 2.5km en tout, et c’est bien normal. La première raison c’est que le terrain est vraiment complexe. C’est un gros torrent qui descend en dénivelé, on a perdu aujourd’hui 200m de dénivelé, il y a des cascades, des rapides, c’est très accidenté, ça gronde, il faut toujours traverser la rivière et ça glisse énormément. On tombe très régulièrement, certains plus que d’autres. A chaque fois qu’on tombe ça fait peur, parce qu’on peut mal tomber et se casser une jambe. On sent bien qu’on est loin de toute âme qui vive et qui puisse venir nous chercher. On essaie de faire attention mais ça ne nous empêche pas de tomber. 

Ce matin, Ime a glissé sur un rocher et semble avoir une douleur vive à l’arrière du mollet, plutôt vers le bas, je suppose que c’est quelque chose qui est de l’ordre du tendon d’Achille, et il a beaucoup de mal à avancer. Au début il a continué avec son sac et puis on a commencé à lui enlever un bateau, puis un autre sac, et puis on s’est rendus compte qu’il souffrait vraiment beaucoup trop, donc on a décidé de faire deux allers retours à chaque fois, l’un avec son propre sac et l’autre avec le sac d’Ime. 

C’est tellement accidenté qu’à un moment donné on a fait 500m en 3h. Ca s’apparente beaucoup à du canyoning, sauf qu’on le fait avec des sacs très lourds. Bagus et Antoine ont mis des casques, ce qui est plutôt pertinent vu le risque de chute qu’on a. 

On a eu un passage absolument magique vers 14h, on venait de faire une pause, je suis parti devant et j’ai vu que l’eau passait sous terre. J’ai vu une petite lueur au fond, et j’ai voulu essayer, j’ai gonflé un bateau, j’ai traversé une première fois, et ça passait très bien! On a donc fait une sorte de navette pour sacs et pour Hommes, avec un petit packraft, et on a continué notre petit bout de chemin toujours dans ce même canyon ultra humide et glissant. 

On a vu deux macaques en fin de journée. Ce matin on a vu un babyrousa, un cochon sauvage à 5m de notre camp. Quelques oiseaux qui s’envolent, dont un qui longe la rivière. On l’avait vu en 2014, et on le voit régulièrement au bord de la rivière mais je ne me souviens plus de son nom. On a aussi vu une très grosse araignée aquatique, qui vit, et sur l’eau, et au fond de l’eau. Elle est vraiment belle. On voit toujours plein de grenouilles, dont des mastoques, et aussi des minuscules qui font la taille d’un ongle. 

Les corps commencent à sentir un petit peu l’enchaînement des journées dures et douloureuses. Il y a trois membres de l’équipe qui ont déjà de grosses mycoses installées, Bagus, Jamil et Antoine. Et moi j’ai un gros problème, car j’ai une chaussure totalement déchirée sur 10cm et ça m’ennuie pas mal parce que dans ce genre de terrain, plus on marche, plus ça s’ouvre. Il faut que je trouve un moyen demain matin de recoudre tout ça. 

Si je n’arrive pas à faire un truc correct ça peut signer la fin de ma mission personnellement. C’est pareil pour le tendon d’Achille d’Ime qui peut signer la fin de sa mission à lui. On verra une fois arrivés dans une zone plus safe, s’il décide de se poser en nous attendant une semaine, ou bien si on décide de rentrer parce qu’il a trop mal et que ça ne tourne pas bien, ou encore que quelqu’un d’entre nous parte avec lui pour l’accompagner jusqu’au village, et que les autres restent en haut, même si ça ne me paraît pas être une super option. 

On va attendre de sortir de cette zone un peu chaotique pour savoir ce qu’on va faire par la suite. 

Antoine “La petite particularité du campement de ce soir, c’est qu’on est sur une fourmilière, c’est infesté de fourmis qui font très très mal, on crie tous les uns après les autres parce qu’elles viennent sur nos pieds à chaque fois que tu marches dessus, elles brûlent, j’avais jamais ressenti ça de ma vie. Je me demande comment un petit insecte peut faire aussi mal.”

On sent bien que c’est un terrain très hostile et pas spécialement accueillant. Pour l’instant on évite les crues, les grosses pluies, donc c’est bien ! 

L’autre truc qui est génial c’est que ce soir on peut se laver ! 

A demain !

Poursuivez votre lecture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

2 + 15 =