MOST WANTED : ÉPISODE 1

Pour la première fois, une expédition naturaliste est conduite dans le Makay en période sèche. Après les inventaires de biodiversité réalisés en 2010 et 2011, en pleine saison des pluies, l’expédition Makay 2017 pourrait révéler la présence d’espèces rares, voire inconnues dans le massif. Les scientifiques de la mission ont lancé un avis de recherche sur les 10 animaux et végétaux suivants :

LANGAHA MADAGASCARIENSIS
Aussi appelé « leaf-nosed snake » (serpent nez-feuille), Langaha madagascariensis possède un appendice supra-oculaire étonnant. En forme de lance chez le mâle, aplati et denticulé chez la femelle, il jouerait un rôle dans son camouflage et l’attraction de ses proies. Ce serpent présente également une coloration dimorphique : alors que la femelle est intégralement grise et son iris marron, le ventre du mâle est jaune, son dos brun et son iris orange. Espèce arboricole et diurne, L. madagascariensis reste très peu étudiée et très peu connue.

MANTELLA COWANI
Endémiques de Madagascar, les espèces du genre Mantella partagent de nombreuses caractéristiques dans leur morphologie – petite taille (18-31 mm), coloration vive – et leur mode de vie – terrestre et diurne. Le moyen le plus sûr de les différencier les unes des autres revient à examiner leurs patterns de couleur. Dans le cas de Mantella cowani, le dos et les flancs sont d’un noir profond alors que le ventre, noir également, est tacheté de bleu. Quant aux pattes avant et arrière, elles sont parcourues de bandes rouges. Victime de la déforestation et du trafic d’animaux, M. cowani est aujourd’hui classée en danger d’extinction (EN) par l’UICN (Union International pour la Conservation de la Nature).

AUTOUR DE HENST (Accipiter henstii)
Grand rapace forestier brun sombre aux parties inférieures barrées, l’autour de Henst occupe les forêts pluviales et sèches de l’île. Endémique à Madagascar, localement commun mais absent au Sud, il est classé comme quasi menacé par l’UICN. Un seul couple nicheur est connu au Sud-Ouest du pays – à plus de 300 km du Makay, aux environs de Toliara. « Cette espèce n’a encore jamais été contactée dans le massif. Si l’on peut l’observer, et encore mieux, si l’on peut attester de la présence d’un ou plusieurs couples nicheurs, ce serait une donnée incroyable ! Il s’agirait alors d’une population isolée, qui compléterait l’aire de répartition de l’espèce » soulignent Anne-Sophie Lafuite et Vincent Romera, ornithologues de l’expédition.

IBIS HUPPÉ DE MADAGASCAR (Lophotibis cristata)
Grand oiseau forestier terrestre, l’ibis huppé est difficile à confondre avec ses longues pattes, sa crête vert métallique et son long bec incurvé. Endémique à Madagascar, il est localement commun mais très rare au Sud. Il affectionne les zones forestières préservées. En raison de la perte de son habitat et d’une forte pression de chasse, la population de Lophotibis cristata est en déclin drastique. « Le Makay pourrait tenir lieu de refuge pour l’ibis huppé. Reste à savoir quelle sous-espèce y est représentée – L. cristata cristata ou L. cristata urshi – ou s’il s’agit d’un hybride des deux variétés. Nos observations devraient nous en dire plus » résument Anne-Sophie et Vincent.

PACHYPANCHAX SP.
Terra incognita pour les ichtyologues jusqu’en 2010, le Makay a depuis fait l’objet de trois inventaires des poissons d’eau douce. Ces missions ont notamment permis de révéler, dans un petit cours d’eau de fond de canyon, la présence d’une nouvelle espèce du genre Pachypanchax. Au cours de l’expédition Makay 2017, l’effort de recherche se concentre sur les têtes de bassins versants encore inexplorées et pouvant abriter des populations distinctes de ce petit poisson – voire même d’autres espèces du même genre. Décrire scientifiquement Pachypanchax sp., mieux comprendre son écologie et les menaces qui pèsent sur sa survie sont les trois grands enjeux du travail de Megann Texereau et de Mendrika Razafindraibe, co-responsables du volet ichtyologie de la mission.

La suite de la liste « MOST WANTED » dans l’ÉPISODE 2 le 26 août.

Un article made in Natexplorers rédigé par Julien Chapuis et Barbara Réthoré.

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