Une nuit d’enfer !

Avide d’expériences nouvelles trépidantes (!), laissez moi aujourd’hui vous raconter la dernière en date…

D’en le but premier d’en savoir un peu plus sur sa méthode d’inventaire des crocos, je décide de suivre Ny en partance pour Beroroha, accompagnée de Max, notre logisticien, et de Bona, ancien garde forestier.
Le programme envisagé fut le suivant : Arrivés au village, Ny est moi repartirons en sens inverse pour longer les rives du Mangoky à la tombée la nuit alors que Max, lui, se chargera du réapprovisionnement en nourriture au marché de Fanjakana, mercredi. Il l’acheminera ensuite par la route sur la rive en face de notre campement…Quelle organisation!

Gekko

Nous sommes mardi donc, début d’après midi, nous embarquons sur la pirogue, prêts à affronter le courant.
Le ciel est quelque peu menaçant…le vent se lève…la bâche que nous avons à bord, phoque de fortune, nous permet d’avancer un peu plus vite. Mais le vent est changeant. Les bancs de sable nous obligent à changer de direction et la pirogue trop lourde s’emplit d’eau trop brutalement m’obligeant à écoper avec rapidité…loin de m’imaginer que la situation allait empirer je trouve ça plutôt fun! Comme dirait Chris, avec son fort accent américain, « That’s the real thing bab’!!! »
Mais finie la rigolade, en quelques minutes, le temps tourne à l’orage…que dis-je? C’est la tempête! Le tonnerre gronde, les éclairs déchirent le ciel de tous côtés, des trombes d’eau s’abattent sur nous, le courant se fait plus intense…nous sommes pris au piège en plein milieu du fleuve, avancer est une épreuve de force. Trempés jusqu’au os, nous nous réfugions sous la bâche… les gouttes de pluie nous martèlent dans un boucan assourdissant, je n’entends même plus la rage du ciel. Nous effectuons un arrêt sur la rive pensant repartir une fois la pluie calmée, mais il n’en est rien…celle-ci est bien décidée à se déchainer. Nous sommes à peine à mi-chemin, 10 kms sont encore à parcourir. Des heures durant nous tentons une progression, la nuit tombe, le piroguier épuisé ne peut plus lutter. Max s’échauffe, le piroguier s’est arrêté en plein milieu du fleuve, sur le sable, la situation est dangereuse, le fleuve amorce sa crue et peut monter à tout moment et nous emporter…nous DEVONS rejoindre la rive. Après une longue discussion quelque peu mouvementée, nous passerons finalement la nuit, accostés comme des naufragés sur le rivage, agglutinés les uns sur les autres sous notre abri précaire, trempés, tremblotants…comptant les heures interminables qui nous éloignent du levé de soleil salvateur.
Nous repartons aux premières lueurs tant attendues. Le ciel calmé garde les séquelles de son agitation, le soleil timide, quant à lui, tente de s’imposer, nous offrant une palette de contrastes chaleureux après cette nuit éprouvante.
Arrêt au stand après quelques kilomètres, la faim se fait sentir, nous nous arrêtons pour un petit déjeuner dans un village sur le bord du fleuve. Nous traversons les rizières, les chemins reliants les habitations sont inondés, des vasques pleines de boues jusqu’aux genoux nous trouvons enfin une pagode. « Le réservoir de l’homme c’est le ventre » me dit Bona, un café et quelques sosoa ( galettes locales à base de pâte de riz ), et nous voilà requinqués ! Notre piroguier repartira éreinté en charrette, quand à nous c’est avec un remplaçant vigoureux que nous retournons sur la pirogue.

Météo

Nous assistons avec stupeur à l’ampleur des dégâts, tous les affluents du Mangoky sont en crues…Les courants se croisent et s’entrecroisent rendant la dernière traversée des plus délicates. Il est 11h, nous accostons enfin à Beroroha.
Le village est paralysé, et il en est de même pour Max coincé avec ses véhicules. Le bac est immobilisé, et quand bien même, la rivière trop haute, l’empêcherait d’évoluer avec son 4×4 sur la piste allant jusqu’à Fanjakana. En espérant que le ravitaillement puisse se faire, il attendra que le niveau baisse…d’ici un ou deux jours.
Une douche, un repas, et me voilà de nouveau embarquée sur le fleuve…Je dois rejoindre le campement…aujourd’hui une visio-conférence est organisée en duplex avec le Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble ! On arrête pas le progrès !
A peine deux heures seulement de descente poussée par le courant, « just in time », j’assiste au spectacle… Toute l’équipe est là, les yeux rivés devant le petit écran de 13 pouces, concentrée un peu comme devant une finale de coupe du monde. J’ose imaginer qu’après quelques jours dans nos conditions de vie, la vision de « notre monde » en est plus que rassurante.
La salle est comble de l’autre coté, les questions fusent et trouvent l’interlocuteur adéquat…
Malgré quelques soucis techniques quelques heures auparavant, la situation est maîtrisée et la conférence réussie.

Conférence Makay

2 réflexions au sujet de « Une nuit d’enfer ! »

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