Un déménagement tout en douceur

Vallée d'Ambotorabatorano

Aujourd’hui nous avons quitté notre petit coin de paradis. Levée à 5h, toute l’équipe s’est activée à plier les bagages et les tentes. A 6h30, les sacs empilés couvraient toute la berge du ruisseau. Le petit déjeuner pouvait commencer. Un petit déjeuner là encore englouti à toute hâte car la montée d’une centaine de mètres de dénivelée en plein soleil ne motivait personne. Il valait mieux se presser. La mécanique des changements de camp est bien huilée. A 8h30, tous les véhicules étaient chargés, prêts à partir.

Après deux heures d’un parcours 4×4 qui aura mis à rude épreuve quelques estomacs fragiles, nous sommes arrivés à Beroroha, une escale bienvenue pour nous requinquer en produits “occidentaux”. Le coca et la bière ont alors coulé à flot. La chaleur était torride.

Pendant que Max s’activait à trouver dans le marché local quelques légumes et fruits (presque inexistants), Jessica et moi avons entamé une discussion sur les actions de conservation à mettre en œuvre prochainement dans le Makay avec Tafara Paul, un professeur de français au lycée de Beroroha. Paul était également mon guide lors de ma première visite du Makay en 2007. Il s’avère être le meilleur interlocuteur et la personne locale la plus motivée pour développer la région et préserver ce qui peut encore l’être, de ses magnifiques écosystèmes. Il a d’ailleurs lancé une association villageoise afin de sensibiliser les gens à la préservation de l’environnement notamment en leur expliquant les méfaits des feux de brousse. La discussion intéressante n’a été stoppée que par l’arrivée en masse du reste de l’équipe attirée par un plat de spaghetti (et non plus de riz) fumant délicieusement accompagné de steaks de zébus.

Descente du Mangoky

Max et moi sommes repartis quelques minutes plus tard organiser les pirogues et chercher le matériel stocké au retour de l’expédition de novembre-décembre. A 15h, nous étions finalement tous regroupés devant une douzaine de pirogues au bord du fleuve Mangoky. Le dernier campement que j’ai retenu pour cette expédition est en effet situé assez loin à l’ouest de Beroroha et plus aucune piste ne passe pour rejoindre ce recoin le plus septentrionale du Makay. Le seul moyen de s’approcher de cette zone qui présente peut être la plus grande surface forestière du massif, reste donc de se laisser glisser sur les flots du plus grand fleuve de Madagascar. Autant dire que personne ne s’est plaint lorsque j’ai annoncé la nouvelle. Une descente en pirogue, c’est le luxe! Personne ne s’est plaint mais certains voyant les embarcations et les développements orageux sur le parcours se sont tout de même inquiétés. Trois personnes de l’équipe ne savent en effet pas nager et l’heure tardive comme l’inconnu de cette descente n’étaient pas là pour les rassurer.

Une première pirogue est partie assez vite avec Nicolas et moi une demi-heure avant les autres pour repérer le meilleur emplacement de campement. Une demi-heure d’avance, c’est peu pour un repérage. Je dois avouer que j’avais un peu la pression car je ne connaissais rien de cet endroit. Seulement guidé par des intuitions et une lecture attentive des images de Google Earth, j’ai tenté d’expliquer à notre piroguier ce que je cherchais. Quelques 4 heures de glissade plus tard et à la nuit tombante, nous avons atteint la zone qui me semblait la plus propice à notre mission. Il ne restait plus qu’à trouver « un bon petit coin » pour installer la grosse trentaine de personnes que nous sommes. Sur la rive droite, un espace s’est ouvert sous un bel arbre en haut d’un talus, parfait pour un campement (Point GPS : 21° 40′ 30″ S; 44° 59′ 36″ E). J’étais soulagé. Tout juste le temps de débroussailler un peu et le ballet des autres pirogues pleines de matériel a commencé. Une chaîne humaine s’est naturellement formée pour remonter tout notre barnum sur le replat quelques 4 mètres au-dessus des eaux. Puis d’autres équipes se sont mises à installer les tentes. Record largement battu, en seulement une heure trente, le campement était entièrement opérationnel. Restait à payer les piroguiers et à attendre le dîner.

Nous avons vu Mathias et moi, des yeux briller dans la lumière de nos frontales. Les lémuriens nocturnes sont donc là. Bonne nouvelle! Ny est venu me prévenir qu’il venait d’entendre un cri de bébé crocodile, ce qui signifie que sa mère n’est pas loin et qu’elle peut passer dans notre campement à tout moment. Mauvaise nouvelle!

L’ambiance est toujours aussi excellente ici. Les coups de fatigue se succèdent, les maux de tête aussi et les antibiotiques commencent à être distribués en masse. Rien d’étonnant.

Pendant que je tape ce message, les herpétos et les entomos sont tous partis en forêt pour une première “chasse” nocturne tandis que les autres sont au lit.

Bonne nuit.

Déchargement des pirogues

La carte de situation du camp n° 3 et le trajet de la descente en pirogue depuis Beroroha :

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