Du Riz pour le Makay : le Système de Riziculture Intensive (SRI)

DIAGNOSTIC – Le développement d’une nouvelle technique de riziculture est une composante importante du projet Graines de Changement. Afin d’initier ce volet, Naturevolution s’est associée à Tefy Saina, une association malgache créée en 1990 par le père de Laulanié en faveur de la promotion du Système de Riziculture Intensive (SRI).

Dans cet article nous n’évoquerons que le volet qui concerne la mise en place des rizières en SRI. Vous pouvez retrouver plus d’informations sur l’ensemble des initiatives de sécurisation alimentaire que nous mettons en place sur la page dédiée au projet Graines de changement.

Une nouvelle technique rizicole dans le Makay

Avant de poursuivre, nous vous proposons une vidéo (14’26) explicative réalisée par la FAO sur la technique du SRI (Système de Riziculture Intensive) :

Cette initiative vise avant tout à sensibiliser et convaincre le plus d’agriculteurs possible de l’intérêt de ces nouvelles pratiques. Il est notamment question d’illustrer le gain en rendement afin que l’ensemble des rizières du village puissent être cultivées avec cette technique. Pour y parvenir, en collaboration avec l’association spécialisée Tefy Saina, nous procédons par étapes :

  1. Diagnostic préalable : 2 technicien·nes spécialisé·es, accompagné·es de notre chef de projet « sécurisation alimentaire », réalisent un diagnostic dans le village bénéficiaire, présentent la méthode de riziculture aux habitants et recensent les villageois intéressés à tester la méthode sur leur parcelle.
Observation du riz et de ses maladies
En 2018, Julien Vendeville (à droite), entomologiste spécialiste de la lutte biologique effectue les premières recherches sur les acariens prédateurs présents dans les rizières avec Fiakara (à gauche) ©Stéphane Le Saos/Naturevolution

2. Formation initiale : Une fois les conditions locales réunies et l’adhésion des villageois obtenue, les 2 technicien·nes spécialisé·es proposent une formation de 5 jours à l’ensemble des agriculteurs inscrits allant de la préparation des semences à la physiologie du riz en passant par la préparation de la pépinière, l’irrigation ou encore l’amendement du sol.

3. Préparation des parcelles : Une fois formés, durant 8 jours, chacun des villageois prépare le sol et réalise le repiquage dans sa propre parcelle sous les conseils des 2 technicien·nes.

4. Sarclage : Quelques 10 jours plus tard, à l’aide de sarcleuses fournies par Naturevolution, c’est au tour d’une nouvelle étape essentielle d’être réalisée par les agriculteurs durant 2 semaines : l’arrachage des herbes indésirables dans chaque parcelle.

5. Suivi et entretien : 2 missions de suivi et d’entretien de 4 jours chacune sont réalisées quelques semaines plus tard sur les parcelles du village par les 2 technicien·nes.

6. Récolte et mobilisation : 3 mois après la formation initiale, c’est déjà l’heure de la récolte, du constat de l’efficacité de la technique et de la mobilisation des agriculteurs non encore inscrits pour le prochain cycle de culture.

Les équipes de Naturevolution madagasikara et de Tefy Saina devant les bureaux de Naturevolution à Malaimbandy
Départ des missionnaires depuis les bureaux de Naturevolution à Malaimbandy. De gauche à droite : Basile Ratsaroantsolo (NE Madagasikara), Lucille Ravelonjohary (ATS), Dieu Donné Rakotoarimanana (ATS), Julienne Raharisoa (NE Madagasikara) et Samuël Rakotondravelo (NE Madagasikara).

Etude de faisabilité sur le terrain – juillet 2021

Dans l’objectif de mettre en place ce projet pilote, l’association Tefy Saina s’est rendue dans les villages de Tsiazorambo et Sakoazato (Région Menabe) afin d’y effectuer un diagnostic in situ. Cette étude de faisabilité s’est traduite par (1) une visite des rizières et (2) des échanges avec les agriculteurs.

1- Étude topographique et climatologique des sites

L’observation du profil géologique a permis de conclure que, suite aux feux de brousse fréquents, la qualité du sol des collines se détériore. La majorité des plantes que l’on trouve sont des Mokonazy (Jujubiers) et plusieurs graminées, témoins de la pauvreté du sol. Par conséquent, les collines ne sont pas cultivées et ce sont les zones en contrebas, à proximité des rivières qui sont exploitées. 

On y répertorie des cultures de manioc, de maïs, de patate douce mais surtout de riz. En termes de surface, l’activité principale est la riziculture.  Malheureusement, à cause des feux de brousse et du manque d’arbres pour stabiliser le sol, l’érosion du sol accélérée durant la saison des pluies favorise l’ensablement des rizières. 

Riziculture traditionnelle en bordure du Makay © Hélène Fabre/Naturevolution
Riziculture traditionnelle en bordure du Makay © Hélène Fabre/Naturevolution

2- Rencontre avec les cultivateurs

Plus de 140 cultivateur·ices, de catégories sociales très diverses, ont participé aux échanges avec les techniciens. Durant les rencontres, ils ont évoqué l’importance du riz dans leurs activités et dans leur vie quotidienne. Généralement, ils parviennent à effectuer deux cycles de culture du riz par an, mais ils notent une production actuellement en baisse alors que le nombre d’habitants augmente et implique en conséquence une diminution de la disponibilité des surfaces cultivables. Leur intérêt pour une nouvelle technique qui pourrait leur permettre d’accroître leur rendement est d’autant plus vif.

Les techniciens de Tefy Saina estiment qu’il sera possible de doubler au moins la production rizicole avec la technique de SRI. 

Suite aux différents échanges, ces derniers ont remarqué que les cultivateurs ne parvenaient pas à bien définir leur calendrier cultural : “Chacun fait ce qu’il veut sans se préoccuper du moment. Par exemple: au mois d’octobre, ils font encore la culture dite d’hiver (vary asotry) ce qui retarde la culture de l’été (vary asara). De préférence, la première campagne doit commencer entre le mois de juin jusqu’en août.”

Les agriculteur·ices ont hâte de démarrer une formation pour améliorer leurs pratiques ! 

Récolte du riz à Tsiazorambo ©Julienne Raharisoa/Naturevolution
Récolte du riz à Tsiazorambo ©Julienne Raharisoa/Naturevolution

Quelle suite pour ce projet ?

A l’issue de cette étude de faisabilité, 3 localités de la région Menabe (Nord Makay : Tsiazorambo, Sakoazato et Tsarahonenana) ont été sélectionnées pour démarrer ce projet car elles possèdent des surfaces rizicoles assez larges, irrigables et permettant une double culture durant toute l’année.

La prochaine étape consiste au lancement du projet à la fin octobre 2021. 

En parallèle, une nouvelle mission de diagnostic sera organisée dans le Sud du Makay.

Premier repas de la cantine scolaire de Tsiazorambo ©Julienne Raharisoa/Naturevolution
Premier repas de la cantine servi aux élèves de l’école de Tsiazorambo ©Julienne Raharisoa/Naturevolution

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