Premiers contacts avec des villageois méfiants

Microcèbe

Jeudi 7 janvier 2010

La nuit fut excellente et le réveil merveilleux dans un vacarme d’oiseaux et avant les premiers de soleil. Suite à une question d’Erik à la recherche de lémuriens à photographier, nous avons assisté à une scène particulièrement triste. Celle de la venue de quelques habitants avec 2 minuscules microcèbes dans leurs mains. Après une seconde d’émerveillement et de tendresse, j’ai personnellement été rapidement pris d’une colère profonde. Ces petits êtres fragiles sont en effet nocturnes et le fait de les avoir retiré de leur habitat et de les manipuler à la main en pleine chaleur est tout simplement synonyme de mort prochaine pour eux. Ils se recroquevillaient dans ma main comme cherchant un abri à l’ombre. J’aurais voulu les emmener avec moi pour leur éviter les mauvais traitements des villageois mais ça n’aurait rien changé à leur destin fatal.

Les derniers kilomètres de piste nous ont encore offert quelques passages mémorables dont un dans le fond d’un minuscule canyon qu’il a fallu creuser et renforcer par endroit. Puis nous avons glissé sur un plateau magnifique avec vue panoramique sur le Makay. Je crois que tout le monde a pris conscience aujourd’hui de ce que signifie « difficile d’accès ». Ce n’est qu’après trois et demi de piste difficile que nous avons atteint notre cible : le village de Tsivoko.

Très beau village, bien entretenu et d’après Max, préservé des Dahalos, Tsivoko est un petit paradis posé entre deux méandres de la rivière Menapanda. Nous avons sorti tout notre matériel sous les centaines de paires d’yeux. Puis je suis allé avec Francis rendre visite au chef du village afin de lui présenter le projet et lui poser quelques questions sur l’histoire du village, son mode de fonctionnement,… Nous avons appris un tas de choses et notamment qu’il y a 50 ans, lorsque le village a été fondé, il y avait de la forêt partout. C’est une donnée importante et qui nous permet d’emblée de prendre la mesure de la vitesse de destruction de l’habitat naturel dans cette région de Madagascar. Aujourd’hui le village est en effet au milieu d’une savane et on ne voit pas une forêt à des kilomètres à la ronde.

Francis a ensuite fait ses premiers prélèvements ADN ce qui va permettre de connaître les origines des 6 familles vivant au village. Le prélèvement se fait à l’aide d’une petite brosse que l’on introduit dans la bouche afin de frotter l’intérieur de la joue. Mais ce geste qui nous paraît anodin, n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes aux villageois méfiants. Ils craignent de se faire empoisonner et vont demander l’accord du chef de village avant de s’exécuter! Bien souvent Francis a dû lui même montrer l’exemple.

L’après-midi a été consacrée à une longue et difficile négociation avec les porteurs. Le tarif qu’ils demandent est bien trop élevé! Au terme de palabres stériles, nous avons décidé de passer la nuit au village et de reprendre les discussions le lendemain, l’esprit clair et serein.

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