L’expé Makay Nature prend son envol

20 novembre 2010, Camp de base Makay Nature (21°13’22.5’’ S – 45°19’30.6’’ E)

Un brusque et court ronflement racle la quiétude matinale… Puis se répète… Régulièrement. Quelques murmures complètent la mesure… Somnolant dans la tente Lafuma, je sens bien que le soleil est encore loin de se lever, mais j’aime cette heure un peu magique, en suspension entre le moment où il ne se passe rien et celui où tout peut arriver.

Ce ronflement, c’est en fait Dany qui gonfle sa Cinébulle à proximité du village de Tsivoky. Le brûleur chauffe l’air dans le ballon par à-coups réguliers. L’enveloppe souple danse doucement en jouant des formes encore mollassonnes. La nacelle préparée la veille est prête et attend pilote et passager, en l’occurrence Dany et Pierre le réalisateur du film pour cadrer quelques images du village et ses environ vus de haut. Dany est de ces personnalités sereines qui n’ont pas besoin de parler fort pour se faire entendre. Passionné de voyages, il a comme on dit un certain kilométrage au compteur,et pas n’importe quels kilomètres ! Son plaisir à jouer au ballon commençait lorsque une enveloppe a été déposée chez son beau-père fabriquant de voiles pour une réparation ; découverte. Depuis, ce fut un enchaînement progressif, depuis la mise en place d’une première expédition saharienne de 4 mois avec Alain Sèbe (photographe saharien), jusqu’à certaines émissions de télé comme « RDV en Terre Inconnue » ou « Ushuaïa », en passant par le célèbre programme « Carnets d’Aventure » des années 70/80. Sorte de Géotrouvetout avec une tête de pionner de l’aviation, Dany est régulièrement appelé par des biologistes pour les accompagner dans diverses missions, parfois pour apporter des solutions à des problèmes de terrain. Par exemple il est à l’origine avec Francis Hallé et Gilles Ebersolt de la conception du célèbre Radeau des Cimes, un grand boudin entourant une plateforme en filet posé sur la cime des arbres, offrant aux chercheurs la possibilité d’étudier la canopée amazonienne à portée de main. La manipulation de ce matériel nécessitant beaucoup de monde, Dany a fini par mettre au point divers engins plus légers comme la Bulle-des-Cimes, l’Arboglisseur (sorte de luge) ou encore la Cinébulle, une montgolfière à air chaud propulsée par un moteur de parapente. C’est précisément ce superbe outil qui nous accompagne pour tourner des images aériennes Makay Nature.
Peu après le lever du soleil, la Cinébulle décolle entre les arbres et cloue au sol quelques dizaines d’envieux, aussi bien vazahas que l’on prononce « waza » (homme blanc dans la langue malgache) que malgaches.

Toujours question aéro : pour les besoins du transport du matériel pour le film, un petit hélico est venu porter main forte. Il est vrai que cet outil est contraire à l’éthique de Naturevolution, mais le tournage en 3D nécessite un imposant matériel fragile ne permettant pas un conditionnement portable par un homme sur des kilomètres et par fortes chaleurs ( car dépassant les 30 kg). L’usage de la machine sera bien sûr limité, c’est pourquoi plus d’une centaine de porteurs sont engagés pour acheminer tout le matériel pour les scientifiques, pour l’aménagement des différents camps, pour la sécurité dans les arbres et en parois, pour les ressources énergétiques solaires et enfin pour la nourriture et les affaires personnelles des 65 membres de l’expé.

Les premiers porteurs commencent à arriver. Evrard se lance alors dans un exercice long et épuisant, consistant à enregistrer un porteur et lui attribuer l’un des paquetages de l’expé ou du film (conditionnés en colis de 20 kg max). Le jeu durera jusqu’en fin d’après-midi, usant de la patience des porteurs eux mêmes et du système nerveux de notre chef d’expé. Mais tout le monde gardera finalement son calme et s’élancera pour plusieurs heures de marche en direction du futur Camp de Base. Les porteurs sont partis comme des flèches.
Nous gagnons la rivière Menapanda pour la remonter jusqu’à l’emplacement du Camp de Base, qu’une première équipe partie ce matin a commencé à défricher. J’apprécie de voir la longue colonne serpenter le long du bras de rivière. C’est dans ces conditions où l’esprit n’est pas forcément complètement accaparé qu’on se rend compte combien il y a du monde dans cette expé… Un peu avant le coucher du soleil, le gros de la troupe nous distance alors que nous bavardons tout en marchant avec J.Jacques et Rita, respectivement ornithologue et primatologue, tous deux malgaches. Nous arriverons tard dans la nuit.

2 réflexions au sujet de « L’expé Makay Nature prend son envol »

  1. nany je t’ai vu sur la photo, comment vas tu et ta cinébulle est elle sèche ?
    Quelle langue parlent-t-ils ? est-ce que tes amis vont bien ?

    bisou

    noé

  2. Il parait que tu ronfles… C’est pas faux
    Pendant que vous transpirez nous on se gèle. La neige est arrivée et le froid aussi.
    Avez-vous rencontrez le Dr Livingstone ?
    Beaux vols

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