L’expé Makay Nature prend ses marques

22 et 23 novembre 2010, Camp de base Makay Nature (21°13’22.5’’ S – 45°19’30.6’’ E)

2h30 du mat. Je remonte de la rivière après un petit bain détente sous la lune. La nuit est silencieuse (si on peut dire avec tous ces animaux nocturnes qui s’expriment) et je m’apprête à aller me coucher. Le camp est silencieux, tout le monde dort. Enfin, je le croyais…
«Putain, regarde ! C’est dingue ! Jamais je n’aurais cru en voir une de près !
– C’est quoi ?
– Une Roussette, la plus grande chauve-souris de Madagascar !!! Qu’est-ce que je vais pouvoir faire de ce bestiau ?…»
«Batman», excité comme une puce, tenait fermement un sac de riz à l’aide d’une paire de gants épais. Deux longues pattes à griffes d’un noir soyeux et poilues dignes de la série des Dracula en sortent. Visiblement, mieux vaut ne pas relâcher la pression. La bête s’agite avec force.
Vincent Prié, dit Batman, est un grand gaillard breton campagnard débordant de bonne humeur. Avec sa tête de Popeye, il est ingénieur de recherche au bureau d’étude Biotope. Il participe au projet Makay Nature pour inventorier des chauve-souris sur les différents sites envisagés dans l’expé. Vincent compte pour ça utiliser des techniques traditionnelles (capture, prospection de cavités) et modernes (génétique, bio-acoustique). L’objectif général est de collecter du matériel et des données (échantillons de tissus, enregistrements de sons) à l’attention des chercheurs travaillant plus spécifiquement sur Madagascar.
J’aide Batman à mettre le petit monstre dans un sac plus solide afin de pouvoir l’étudier demain matin pour ensuite le relâcher. Entre hier où il a trouvé plus de 70 Mormopterusjugularis dans ses filets (bonjour le boulot pour les démêler et les relâcher !) et cette «petite» Roussette, il est ravi !

Au petit déj, l’histoire de la Roussette a vite fait le tour du camp. Elle est tranquillement suspendue dans son sac sous la tente du chiropterologue, quand une odeur de brûlé parcoure le camp. On apprendra par la suite qu’un composant du moteur électrique de la CinéBulle vient de griller dans une manip… Dany, visiblement contrarié même s’il ne l’exprime pas beaucoup, cherchera la cause et une solution toute la journée. Dans quelques jours, de nouveaux membres de l’expé devraient nous rejoindre avec la possibilité d’apporter la pièce. En attendant, le camion qui devait apporter le gasoil pour le retour des 4×4 et le gaz pour la CinéBulle en relais avec des charrettes puis des hommes, a eu un incident de trajectoire dans un virage sur la piste… A ce jour, Dany peut effectuer un vol, mais pas deux.

Vient le moment tant attendu : le lâcher de Roussette au pied des montagnes du Makay. Avec quelque peu d’appréhension et de curiosité mais surtout dans l’attente d’un envol qu’on ne verra peut-être pas de si tôt, nous regardons Vincent se débattre avec le bestiau pour le sortir du sac et le maintenir. Il paraît qu’il a la même force qu’un gros chat. Anne récupère quelques puces, prends diverses dimensions et prélèvements, puis vient l’instant attendu. La Roussette décolle rapidement au raz de l’eau de la rivière. Nous nous imaginons un face à face avec cet engin en pleine nuit… Son battement d’ailes semble avoir un rendement démoniaque, et c’est magnifique !…

L’organisation du camp suit son court.

4 réflexions au sujet de « L’expé Makay Nature prend ses marques »

  1. Bonjour Pierre
    Que d’aventures ! Je te charge d’un message pour Stephane dis lui que nous pensons tous les 4 très fort a lui et que nous attendons avec impatience son retour. Nous sommes sous la neige ! Très gros bisous a tous et a toi et Regine qui doit aussi suivre votre périple.
    Karine

  2. Salut, C’est agréable d’avoir des nouvelles fraîches, et de voir les bouilles de Batman et d’Elodie. Chers amis, je vous souhaite de bonnes obs naturalistes !

    Rémi

  3. Bravo Batman!
    Contente de voir que tu as l’air en forme et que tu fais des trouvailles. Le site a l’air magnifique. Yves demande comment tu cuis le bestiaux?
    Ici on est sous une bonne couche de neige et ça tient.
    A bientôt
    PS On part en Ousbékisthan à Pâques. Je ne sais pas si il y a des pipistrelles là-bas mais on regardera…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

18 + neuf =