Behetaheta (« Là où on a beaucoup soif !»)

5 décembre 2010

Auteur : Jean-Jacques Randriamanindry

On commence le travail le 3 décembre. Etant le seul à connaître le site, je suis désigné guide d’office. On quitte le camp à 6h du matin. La forêt est à 2 km mais comme il a fallut prendre des repères et des points GPS tout au long, le trajet a nécessité 1h et plus rien ne bouge à notre arrivée : il fait déjà trop chaud.

Il faut  être dans la forêt à 4h30 le matin pour faire un inventaire d’oiseaux ! Du coup, les deux premiers jours, réveil à 3h15 et crapahutage dans l’obscurité, le nez dans le GPS. Et le soir, observation nocturne et retour au camp dans l’obscurité en reniflant le GPS comme d’habitude : le porteur qui sert d’assurance-retour en cas d’accident n’est pas très rassuré.

L’inventaire est décevant : peu d’espèces, dont une seule est menacée : l’ibis à crête de Madagascar. Par contre, on constate la présence de dérangements d’origine humaine (traces de feux et de cueillette de racines d’Igname et de Tacca, deux plantes très prisées par les autochtones) et naturelles (activité des potamochères, les équivalents locaux des sangliers, beaucoup de zébus sauvages).

Le quatrième jour, j’ai pensé suivre la lisière de la forêt depuis l’extérieur pour voir les espèces d’oiseaux qui sont présentes mais qui ne pénètrent pas dans la forêt, malheureusement, j’étais parti trop tard du camp : je me ravise donc et décide de faire une petite étude des dérangements, puisque tout le monde en a besoin. Je contourne la forêt par le sud et passe de l’autre côté, d’où je traverse en ligne droite jusqu’au point où nous étions tous entrés le premier jour. L’idée est de compter le long de la ligne les clairières, dues à l’homme ou non, les traces de cueillette de racines comestibles, de coupe, les traces d’activité des potamochères. L’idée est lumineuse mais que ce fut difficile ! Toutes les épines de la création semblent s’être données rendez-vous sur la fameuse ligne droite que je devais suivre. Toutefois, le résultat est édifiant : il n’y a pas de coupes de bois mais beaucoup trop de gens viennent pour cueillir le miel sauvage et les racines comestibles et font des feux qui induisent l’apparition de petites clairières qui favorisent les dégâts dus au vent. De plus, les potamochères et les zébus sauvages gênent considérablement la régénération de la forêt.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

quatre × 2 =