Le Lac aux crocodiles

4 décembre 2010

Auteur : Christophe Dumarest (guide haute montagne)

Après divers repérages, le site dit du “canyon aux palmiers” est retenu pour une des scènes les plus importantes du documentaire: celle de la capture du crocodile. Vince et Richard, deux sud africains, viennent spécialement d’arriver pour cette capture dont ils sont les spécialistes. Détail non négligeable  pour la réalisation de l’entreprise: la difficulté de l’approche. Le seul passage possible pour accéder au lac en bateau se situe à l’aplomb d’une falaise d’une trentaine de mètres entrecoupée de vires. L’approche du lac par le haut est délicate, car la falaise qui le surplombe est constituée principalement d’un grès très friable, incrusté de galets. Toute l’équipe des grimpeurs est réquisitionnée et sur le pied de guerre, afin de mettre en place les amarrages fixes qui serviront à la descente en rappel et à la remontée sur cordes à l’aide de poignées jumars. A l’aide d’un perforateur, les ancrages de quatorze millimètres de diamètre et de soixante centimètres de long sont posés afin de tenir compte de la friabilité du rocher, sorte de sable compacté.

Dés le premier soir, Evrard, Vince, Richard et toute la lourde équipe de tournage est prête à descendre. Pour la majorité c’est une première et les gestes sont hésitants, le stress palpable. A la tension induite par l’enjeu que représente cette scène indispensable de la capture du reptile, se superpose celle de cet incontournable baptême vertical. Pour pimenter l’ensemble et donner du fil à retordre au guide et B.E.   d’escalade, tout l’opération s’effectue de nuit.

Quelques minutes plus tard, c’est presque une quinzaine de personnes qui évoluent sur le bord du lac et sur la vire qui le surplombe.

L’attente est longue et le crocodile méfiant…Le bruit généré par l’équipe, l’agitation des lumières et les nombreuses possibilités de replis dans les marécages compliquent considérablement la capture et les plans établis. Après plusieurs heures d’attente dans l’obscurité et sans sommeil, la remontée s’organise. Les organismes sont fatigués, la découverte du matériel total et l’effort intense. L’appréhension mêlée  à l’attente infructueuse cristallise les tensions et même si la grande majorité du groupe reste souriante et solidaire, pour quelques uns l’épreuve est de taille. A trois heure du matin, le regard hagard, toute la troupe est au complet et de nouveau à l’horizontal sur la terre ferme. Pour les grimpeurs en charge de la sécurité, il ne reste plus qu’à descendre récupérer le matériel et le remonter. Des charges de vingt cinq kilos sur les épaules, juste de quoi garantir une nuit profonde faite d’un sommeil sans rêve. Le réveil est dans deux heures, il fera jour, il sera cinq heures.

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