Aujourd’hui, c’est cinéma

19 novembre 2010 , Tsivoky (21°17’46’’ S – 45°22’47’’ E)

Nous allons rester pratiquement 2 jours dans le village de Tsivoky. Tout le monde s’active pour installer le campement et réorganiser ses affaires en vue du départ à pied pour le camp de base après-demain. Nous allons quitter le convoi 4×4 pour continuer à pied, ce qui veut dire qu’il est nécessaire d’embaucher un peu plus d’une centaine de porteurs dans le village et ses alentours. Pierre le réalisateur et l’équipe du film souhaitent bien évidemment ne pas louper cet épisode charnière de l’expédition. Ils y passent la journée pendant qu’Evrard enregistre les dizaines de noms.

Pierre Stine est le réalisateur du film qui traitera du sujet Makay Nature. Cinéaste indépendant habitué depuis une vingtaine d’années à tourner des documentaires d’aventure pour diverses télés françaises autour du monde, dont par exemple «RDV en Terre Inconnue». Il est associé à Gédéon Programme et Canal+ dans cette épopée.

Epopée ? Certainement. Ce long métrage a la particularité d’être tourné en 3D, c’est à dire avec une impression de relief (à l’aide de lunettes). Cette technique n’a pour ainsi dire jamais quitté les studios, avec un matériel lourd et conséquent. Dans le Makay, les conditions de tournage sont un tantinet différentes. Il aura fallu à l’équipe de Pierre concevoir et réaliser tout un panel d’outils adaptés… en seulement quelques mois, dont la mise au point du RIG qui sera achevée à Tananarivao (voir page du carnet de route du 12 nov.). Pour les 17 personnes du staff film, il demeure quelques inconnues de taille : comment va se comporter le matériel high-tech avec la chaleur et l’humidité excessives ? Cette exploration cinématographique rappelle les premiers pas de l’image animée et vit sa propre épopée en parallèle à celle de l’exploration Makay Nature. 

Cet après-midi, les «ADNistes» quittent le convoi. Thierry Letellier, Margit Heiske, Denis Pierron (tous les trois de l’unité ISERM, Laboratoire Physiopathologique Mitochondriale à l’Université de Bordeaux) et Augustin Rakotoarison (de l’Institut des Civilisations-Musée d’Art et d’Archéologie à Madagascar) envisagent une série de visites dans les villages qui bordent le Makay.
En essayant de faire simple… Les membres de cette équipe sont des spécialistes de la mitochondrie (centrale énergétique qui fournit de l’énergie à la cellule pour fonctionner) et en étudient habituellement les défauts qui peuvent provoquer des maladies graves sur l’humain. Une autre propriété de la mitochondrie, c’est qu’elle transmet l’ADN de mère en fille. En effectuant des prélèvements de village en village, il est donc possible de reconstituer des scenario de peuplement.
Associée à une équipe malgache, nos «ADNistes» se sont donc penchés sur Madagascar pour diverses raisons : diversité des ethnies et des origines (Indonésie, Afrique, Proche et Moyen-Orient), une surface grande comme la France et un caractère insulaire. Quant à leur participation à l’expédition Makay Nature ? «Le Makay est une zone reculée ; c’est pour nous une occasion exceptionnelle de pouvoir bénéficier d’un accès à ces populations, effectuer des prélèvements ADN sur les villageois et en profiter pour réaliser des études génétique, linguistique, ethnologique et musicologique, toujours dans le cadre de l’étude sur les migrations».

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