Benoît Gilles, écovolontaire biologiste

Retour sur un écovolontaire récidiviste ! Benoît Gilles, entomologiste (spécialiste des insectes), est venu en tant qu’écovolontaire en avril 2016 dans le massif du Makay. Cet été, il remet ça et se joint à la mission scientifique 2017 dans le massif.

Benoît, qui es-tu ?

Benoît Gilles, écovolontaire biologiste dans le massif du Makay

Benoît Gilles, écovolontaire biologiste dans le massif du Makay

Passionné depuis toujours par le monde vivant qui m’entoure, notamment par les insectes et les milieux tropicaux, ma vocation était toute trouvée : devenir biologiste spécialiste des insectes, compétence appelée entomologie.

Après un cursus universitaire, Licence à l’Université de Poitiers puis un Master Recherche en Biologie en écologie évolutive à l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte (IRBI) de l’Université de Tours, j’ai eu plusieurs opportunités successives de travailler pour des projets en entomologie à travers la planète. C’est ainsi que j’ai pu étudier les mouches des fruits de la famille des Tephritidae sur l’ile de La Réunion au sein du CIRAD (Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement), puis les papillons mimétiques du genre Heliconius avec le CNRS et le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, où je suis parti 6 mois au Panama pour mener des élevages d’hybridation (centre du Smithsonian Tropical Research Institute – STRI) et des collectes de souches sauvages en Guyane française, à la station des Nouragues.

Après d’autres activités professionnelles, dont l’une dans le développement d’un projet d’aquaculture agro-écologique innovant, je suis revenu à l’entomologie. Je travaille donc actuellement, et ce depuis début 2016, comme chargé de Recherche et Développement au sein d’une Start-up développant un projet de conversion de bio-déchets et co-produits agricoles en aliment destiné à la pisciculture par l’insecte. Nous utilisons l’insecte pour valoriser de la matière organique peu valorisable, en protéine animale, qui est fortement valorisable.

Je suis également l’auteur du site : passion-entomologie.fr, qui a vocation à faire découvrir le monde incroyable des insectes à travers de multiples facettes : biologie, écologie, actualités scientifiques, interview, présentation d’ouvrages…

Ecovolontaire dans le massif du Makay à Madagascar

Le massif du Makay à Madagascar

Comment as-tu découvert le Makay ?

Après quelques années sans mettre le pied en forêt tropicale, le désir de repartir devenait très prégnant. Il fallait que je parte !

Connaissant l’expédition de 2011 dans le Makay, région où la faune et la flore sont encore préservés et quasi-inconnus, il n’en existe pas beaucoup sur Terre, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre que c’était l’endroit où je devais aller ! J’ai donc pris contact avec Naturevolution et Evrard Wendenbaum pour leur informer de ma volonté de participer à l’exploration de cette région et à l’inventaire de l’entomofaune sur place.

Donc, départ en avril 2016 pour 3 semaines comme écovolontaire biologiste dans le Makay !

En quoi consistait ta venue dans le Makay ?

Araignée du genre Nephila dans le Makay

Araignée du genre Nephila, qui peut tisser des toiles de 3m de diamètre !

La région ayant peu fait l’objet d’études et d’inventaire de l’entomofaune, de nombreuses espèces restent à découvrir. Mon souhait est de participer à améliorer la connaissance de la biodiversité afin de démontrer l’aspect unique et riche du Makay dans le but d’apporter des arguments quant à sa protection. Un travail que mène Naturevolution depuis plusieurs années maintenant qui a permis son classement en Aire Protégée.

Au cours de mes déplacements, j’ai donc réalisé des collectes des insectes que je pouvais rencontrer et suscitant un intérêt. Je me suis surtout intéressé à des taxons comme les Cerambycidae, les Cicindelidae et les Chrysomelidae pour les Coleoptera ; les Diopsidae, les Bombyliidae, par exemple, pour les Diptera (mouches) ou encore les fourmis (Formicidae).

La saison sèche était précoce en 2016, d’où un mois d’avril particulièrement sec, ce qui a pour conséquence une forte diminution des activités biologiques, tant végétale qu’animale. Les conditions n’étaient donc pas favorables à la collecte d’insectes. Le pic d’activité concorde avec le début de la saison des pluies fin novembre. J’ai pu tout de même rapporter près de 200 échantillons qui sont actuellement dans les mains de spécialistes pour détermination.

Libellule (non déterminée) dans le massif du Makay

Libellule (non déterminée) dans le massif du Makay

Nombre d’échantillons de certains taxons ne pourront pas, malheureusement, faire l’objet d’études car il n’existe tout simplement pas de base de données et de clés d’identification pour Madagascar, et aucun entomologiste ayant les compétences pour les identifier. Ainsi, certains diptères et hétéroptères (punaises) vont être conservés pour éventuellement être déterminés dans le futur. Mettre un nom sur un insecte est souvent laborieux et long, surtout sur des spécimens provenant de régions reculées comme l’est, le Makay.

Benoît Gilles, écovolontaire dans le Makay

Benoît Gilles dans le Makay

Racontes-nous ton vécu sur place…

Une épopée qui prouve bien que le bout du monde existe bel et bien !

La découverte du Makay offre une grande palette de ce que peut rechercher un biologiste en souhait d’aventure et d’exploration : plusieurs jours de route sur des pistes, des traversées de rivières en 4×4, des heures de marche à la fois dans des canyons humides et dans des savanes sèches, des nuits passées à la belle étoile, des plongées dans des torrents, des descentes en rappel, des rencontres avec les populations locales mais aussi la rencontre d’une équipe exceptionnelle de passionnés.

Je souhaite vivement remercier les organisateurs et l’ensemble des bénévoles pour leur professionnalisme, leur gentillesse et leur joie de vivre.

Hormis le fait que la saison n’était pas propice à la collecte d’insectes, les 3 semaines passées dans le Makay ont été un régal et m’ont procuré une réelle satisfaction. J’ai ainsi pu découvrir un continent, une faune et une flore qui m’étaient inconnus (biodiversité à fort taux d’endémisme) et des paysages extraordinaires.

Les canyons du Makay

Canyons du massif du Makay

Quels sont tes prochains projets ?

Pour les mois à venir, le développement de la société pour laquelle je travaille va me demander beaucoup de temps, l’engouement d’un projet start-up !

Puis, continuer à m’impliquer dans des missions d’exploration, avec Naturevolution, et d’inventaires de l’entomofaune tropicale. A l’heure où la disparition et l’érosion du monde vivant n’ont jamais été aussi rapides et globales, contribuer à la préservation de la biodiversité est une aventure passionnante !

J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion. Les envies et les possibilités sont nombreuses, seul le temps vient à manquer…

Partez avec nous comme écovolontaire dans le Makay ! Il est possible de contribuer aux activités de conservation du Makay en rejoignant spécifiquement des missions de sciences participatives.

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